Dans le cadre de la mise en œuvre de la quatrième composante intitulée "Appui au processus GIRE du Programme Pluriannuel d’Appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PPEA) sous le financement de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, le Partenariat National de l’Eau du Bénin (PNE-Bénin) a lancé en 2009, le processus visant à mettre en œuvre des actions de démonstration de la GIRE sur des sites pilotes. Parmi ces sites, figurent en bonne place le barrage de l’Okpara, la lagune de Porto-Novo et la rivière Fourigninkèrè. Ainsi, le rapport de l’étude diagnostique et d’élaboration du plan d’action pour la gestion concertée et durable du barrage de l’Okpara a été validé par les acteurs nationaux et locaux. Le plan d’action a fait l’objet de mise en œuvre, sur la période 2010-2012, à travers le cadre institutionnel construit par le PNE-Bénin, les Communes concernées (Parakou, N’Dali, Tchaourou) réunies au sein du Territoire de Développement de l’Ouémé Supérieur (TDOS), en collaboration avec la Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) et la Délégation à l’Aménagement du Territoire (DAT).

Diagnostic de l’exploitation et de la gestion du barrage de l’Okpara

Le diagnostic de l’exploitation et de la gestion du bassin versant du barrage de l’Okpara avait mis en évidence une panoplie de problèmes dont notamment l’exploitation anarchique des ressources ligneuses à des fins commerciales, l’utilisation des techniques de pêche destructrices des ressources halieutiques, des pratiques culturales inappropriées, la destruction des écosystèmes, le comblement et la pollution de la cuvette. Des actions sont alors proposées en vue de contribuer à venir à bout des problèmes majeurs relevés au niveau de ce barrage et de son bassin versant à la lumière des principes de la GIRE. Les grands axes d’orientation des actions exécutées au niveau de ce site visent entre autres à :

  • concevoir et rendre opérationnel le cadre institutionnel de gestion concertée et intégrée des ressources en eau du barrage ;
  • assurer la protection de la retenue associée à des mesures d’accompagnement impliquant les usagers et les riverains ;
  • appuyer l’élaboration d’un outil d’aménagement participatif et de gestion durable des ressources en eau du barrage de l’Okpara par les communes riveraines ;
  • promouvoir des partenariats pour la mise en œuvre des instruments d’aménagement adoptés ;
  • appuyer la délimitation des diverses zones d’aménagement du barrage de l’Okpara et la définition des règles de leur gestion durable ;
  • contribuer à l’initiation et à la conduite d’une étude sur la faisabilité d’un dragage de la retenue.

Résultats obtenus

En matière de renforcement du cadre institutionnel de gestion du barrage, les résultats concernent :

  • l’autorisation et la décision des trois conseils communaux concernés qui ont abouti à la mise en place d’une convention de partenariat entre le TDOS et le PNE-Bénin prévoyant une contribution financière complémentaire des trois (3) communes à l’appui financier du PNE-Bénin à travers le PPEA ;
  • la mise en place et le renforcement de l’unité de gestion et de facilitation de l’initiative autour du Partenariat Local de l’Eau du Borgou ;
  • l’engagement de la SONEB à assurer une vraie collaboration avec le TDOS. Cela s’est traduit par l’élaboration d’une feuille de route à ce sujet, grâce au plaidoyer continu du PNE-Bénin en direction de la SONEB ;
  • la mise en place de notes méthodologiques simplifiées pour l’exécution des activités clés telles que la structuration des usagers, la mise en place du cadre local de concertation ;
  • la mobilisation sociale autour de l’initiative et l’installation de cadres de concertation multi-acteurs notamment du Conseil des Acteurs pour la Gestion Concertée (CAGC) du barrage de l’Okpara ;
  • l’intégration de la GIRE et de l’initiative dans les outils de planification du développement local des communes de Tchaourou, de N’Dali et de Parakou.

Au plan de la mise en place de mesures de restauration et d’outils de gestion appropriés des ressources naturelles du bassin versant de l’Okpara, on note :

  • l’élévation de la conscience des usagers et riverains qui se traduit par une internalisation progressive des règles d’usages retenus par les acteurs institutionnels et les usagers au niveau des domaines de dépendance du barrage ;
  • l’amélioration du cadre de vie dans les alentours immédiats de la cuvette avec pour effet la réduction de la pollution au niveau de la cuvette du barrage, à travers des ateliers de sensibilisation ayant abouti à l’implantation de 14 plaques de sensibilisation sur les bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement et la pré-identification des autres zones appropriées d’usages ;
  • la réalisation d’un état des lieux sur la pollution du barrage et la formulation consensuelle d’activités et de dispositifs adaptés pour renforcer l’adoption de bonnes pratiques d’HA et de conservation de l’eau dans les villages de Kpassa et Kika, notamment sur le nouveau site d’installation des populations de Kpassa, victimes des inondations périodiques ;
carte de présentation du nouveau couloir (en vert) de transit du bétail contournant la cuvette du barrage de l’Okpara (en bleu) comparé au couloir actuel (en rouge)
  • la pré-identification, la matérialisation et le balisage d’un couloir de transit du bétail sur 14km (Kpassa-Kika 1) contournant la cuvette du barrage, ainsi que l’élaboration et la validation du plan d’aménagement dudit couloir soutenu d’une feuille de route (cf. Schéma d’aménagement du couloir). Ce dispositif bénéficie de l’adhésion du TDOS et des communes riveraines, de la SONEB, de la Ferme de l’Okpara des éleveurs et guides de bétail, et de tous les autres acteurs ;
  • la protection des berges délimitées et reboisées sur le site du barrage sur une distance linéaire de 4,6 km avec 5 460 plants (Pseudoceudrela, rôniers, manguiers et anacardiers) dont 66% de fruitiers sur une superficie totale de 57ha ;
  • l’enlèvement des plantes envahissantes de la retenue d’eau sur une superficie de 22ha avec l’implication des communautés riveraines.

Au plan de la promotion du genre et de l’implication de la couche juvénile dans l’initiative GIRE autour du barrage de l’Okpara, on relève :

  • la préparation de la couche juvénile à une meilleure sensibilité sur la protection de l’environnement, et sa responsabilisation dans la conduite du processus de reboisement de 5 ha (900 plants) dans les écoles et collèges riverains du site pilote et mobilisés dans le cadre de l’initiative ;
  • l’aménagement de 02 lavoirs-puisards au profit des femmes pour la lessive ;
Vue de la remise de moulin au groupement des femmes de Kpassa
  • le renforcement des capacités de 25 femmes sur la pratique de l’aviculture ainsi que sur la transformation de noix de karité et la gestion du moulin dont a bénéficié ce groupement pour réduire la pénibilité de leur travail et faciliter ainsi le développement de cette activité génératrice de revenus, source de réduction des pressions sur les ressources du barrage.

La mise en œuvre de l’initiative pilote GIRE autour du barrage de l’okpara a connu de résultats significatifs. L’appropriation progressive du rôle de veille par le CAGC permet d’espérer une meilleure prise en compte de la gestion des problèmes de pollution, de conflits relatifs à l’exploitation des ressources en eau et ressources connexes. La pérennisation des résultats obtenus constitue la principale priorité des acteurs du cadre institutionnels mis en place dans le cadre de l’initiative. Cette pérennisation est gage de la garantie de l’usage concerté des ressources naturelles du bassin versant du barrage tant par les riverains que par les peuhls transhumants d’une part, et de la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Parakou et de ses localités environnantes d’autre part.